Écriture inclusive, non merci

Un site orienté vers l'écriture inclusive ne pouvait faire l'impasse sur l'IA. En effet, les assistants de rédaction basés sur cette technologie sont de plus en plus présents dans nos traitements de textes, sur les forums. Ils veulent notre bien en nous aidant à rédiger nos textes ; en inclusif, bien sûr. Ils ne font pas l'unanimité, loin de là.

Les assistants de rédaction

Ces assistants sont de plus en plus présents comme auxiliaire correctif dans les traitements de texte, les forums et peuvent être intégrés aux navigateurs par l'intermédiaire de modules complémentaires. Dans les grandes lignes, ces logiciels proposent des suggestions en remplacement de mots mal orthographiés, mal conjugués, des espaces en trop ou en manque entre les mots. Ces assistants sont d'une grande utilité afin de pallier aux très nombreuses fautes de frappe et coquilles qui apparaissent inévitablement lors de l'utilisation du clavier. Il faut cependant rester vigilant quant à certaines tournures grammaticales, notamment les participes passés. Il semble que cette notion, qui fait aussi défaut chez de nombreux journalistes professionnels, pose des difficultés à l'IA. Certaines suggestions de phrases sont aussi douteuses, parfois risibles.

Le problème des suggestions d'écriture

Utilisant la puissance de l'IA, les assistants de rédaction ne se contentent pas de corriger nos fautes, de frappes ou autres coquilles. Ce sont des outils redoutables qui peuvent être mis au service de toutes sortes de causes idéologiques - écriture inclusive, suggestions de mots "blessants". En les utilisant, nous sommes à la merci des orientations idéologiques des firmes qui proposent ces outils. Certains assistants sont propriétaires, d'autres Open Source. Il est évident que nous n'avons pas la main sur les outils propriétaires. Bien que certaines options puissent être désactivées - écriture inclusive, suggestions diverses, elles sont souvent activées par défaut sur le logiciel. Jusqu'au jour où le choix n'existera plus et qu'elles nous seront imposées.

Les discriminés sont partout

Avant de décrire dans le détail les différents assistants de rédaction, il n'est pas inutile de se pencher sur ces fameuses suggestions d'écriture. Google Docs a introduit une fonction qui se nomme "écriture assistée" qui affiche lors de la rédaction des avertissements sur des phrases considérées comme "politiquement incorrectes". Le logiciel propose à la place des mots considérés comme plus "inclusifs", des mots ne blessant pas les susceptibilités de toutes les personnes qui ont un sentiment de victimisation dans la société. Et le nombre de ces personnes "victimes" est incroyablement long et s'étend chaque jour.
Microsoft n'est pas en reste. Dans sa version de l’ensemble Office 365, la firme multinationale du logiciel propose sensiblement le même outil. Il s'agit toujours de nous "conseiller" dans nos écrits. L'option peut aussi être désactivée, jusqu'au jour où, ici aussi, ce ne sera plus le cas. D'autres assistants existent ou apparaîtront rapidement. Ils seront tous, plus ou moins, des grands frères qui nous conseillent de ne pas trop nous écarter des chemins de la "bien pensance".
Ces logiciels, en réalité leurs concepteurs, se posent à la fois comme juges et prescripteurs.

Que pouvons-nous faire ?

Dans un premier temps, ne pas utiliser les logiciels propriétaires sur lesquels nous n'avons pas la main. Et nous ne l'avons de toute façon pas, sur tout logiciel propriétaire. Les logiciels Open Source sont moins nombreux, mais ils sont à la hauteur et remplissent les mêmes fonctions. Dans le paragraphe suivant, nous allons nous pencher sur le premier d'entre eux, LanguageTool. Nous allons voir comment garder ou reprendre la main sur nos textes.

LanguageTool

Un correcteur orthographique et grammatical de plus, à première vue. En réalité, bien plus. L'intelligence artificielle est en effet appelée à la rescousse dans ce correcteur. LanguageTool est un logiciel Open Source, sans restrictions de paramétrages. Ce point est essentiel, notamment concernant l'écriture inclusive et les mots "déviants" que la doxa woke ne voudrait plus voir dans nos écrits. En effet, avec des logiciels propriétaires fermés comme Microsoft Word, on peut à tout moment se heurter à des options qui n'en sont plus, parce qu'elles nous sont imposées, ou vont le devenir (filtres proposant l'écriture inclusive, filtres "bien pensants", etc). Le site LanguageTool est à consulter en premier, afin de découvrir ce correcteur. Une version entièrement gratuite, sans publicités, est proposée. Elle est largement suffisante pour une utilisation domestique, même pointue dans ses corrections. Toutes les informations sont données sur le site, mais on peut déjà signaler que l'installation peut se faire sur tous les systèmes, les navigateurs, suites bureautiques, clients mail, y compris sur les mobiles.

LanguageTool n'est pas un logiciel dédié à l'écriture inclusive, que ce soit pour en faciliter l'utilisation ou la contrer. Il s'agit d'un correcteur orthographique et grammatical dans lequel vous pouvez entrer vos propres mots à utiliser en lieu et place d'autres qui ne vous conviennent pas. Ce logiciel est pourtant efficace pour le but qui nous anime.

Afin d'accéder aux paramètres de reformulation des phrases, il faut aller sur LanguageTool. Vous vous trouvez face à un tableau et des options, comme le montre l'image suivante. Vous pouvez rester à la version gratuite, sans vous enregistrer.


Paramétrage languagetool


En choisissant "Correcteur", vous accédez aux corrections, à la fois grammaticales et orthographiques. Le tableau ci-dessous montre un test effectué sur une phrase en écriture inclusive. On peut constater sur l'image jointe que dans l'option "simple", les mots en inclusif ont été éliminés. Cependant, la phrase a été reformulée, car il ne s'agit là que d'un exemple démonstratif.


Filtre inclusif


Comment reformuler vos propres textes

Dans le cadre de gauche qui apparaît, vous écrivez votre texte original. On peut constater qu'il est possible d'importer un texte, y compris un document Word. Ensuite, vous cliquez sur le rectangle "Reformuler le texte" en bas de cette page. Sur le panneau de droite apparaît le texte reformulé par le logiciel. C'est là que vous pouvez corriger vous-même ce qui a été proposé et aussi copier ces corrections. Attention aux options "formel" et "standard", ces options proposent une correction parfois très éloignée de la phrase originale. L'atout de LanguageTool est sa puissance d'analyse et partant, ses capacités à définir des subtilités de langage qu'on ne rencontre pas sur les correcteurs ordinaires. C'est un bon outil pour contrer l'écriture inclusive, mais il faut paramétrer soi-même les mots. De même que sur de nombreux correcteurs grammaticaux, des tests effectués sur la version 2024 en option gratuite Basic font apparaître de monumentales fautes de conjugaison sur le participe passé. Prudence, par conséquent.

Cette utilisation de LanguageToll est gratuite et sans inscription. Afin de bénéficier d'un dictionnaire personnel, il faut s'inscrire. C'est toujours gratuit, et une adresse mail suffit, avec un mot de passe à créer. L'utilisation d'un dictionnaire personnel apporte une grande souplesse pour la reformulation des phrases. En effet, quand le logiciel vous propose de remplacer un mot qui ne lui plaît pas, vous pouvez refuser cette proposition et entrer votre mot dans le dictionnaire. Lors de la prochaine utilisation de ce mot, vous ne serez plus "corrigé". Avec un dictionnaire bien rempli, vous pourrez importer des textes en écriture inclusive sous Word et les reformuler d'un seul coup en une écriture droite et lisible.

Le site qui décrit l'utilisation du dictionnaire personnel

LanguageTool déjà pollué par l'inclusif ?

À l'usage, il apparaît que LanguageTool est déjà sous influence. Il suffit de taper "Mademoiselle" pour le voir transformé en "Madame". Ce n'est là qu'un exemple, plutôt anecdotique. Il est évident que certaines associations de mots ne doivent pas être utilisées, elles sont blessantes pour les personnes concernées. Mais où est la limite et qui la fixe, en dehors de la loi ? Essayez d'entrer des phrases plus clivantes, mais reflétant pourtant la réalité, des phrases que la bien pensence voudrait voir disparaître. Par exemple ""Migrants illégaux". Vous allez obtenir à droite une réponse surprenante "Personnes non légales". Le mot migrant, associé à illégal, a disparu, il n'existe plus ! Tapez "Chrétiens illégaux", un terme qui n'existe que dans les théocraties totalitaires islamiques ou certains régimes communistes. Vous obtenez "Les Chrétiens indignes". Sans commentaires.

Faites quelques essais, vous allez rencontrer des reformulations étonnantes. À vouloir concurrencer le cerveau humain, l'IA se fourvoie et donne parfois des résultats qui sont pires que la formulation d'origine. Raison de plus pour corriger les tentatives d'imposition de la novlangue dans les assistants grammaticaux.

Grammalecte

Un autre assistant de rédaction Grammalecte, très complet. Il peut lui aussi s'installer sur LibreOffice, Thunderbird ou un navigateur. Il possède un dictionnaire personnel dans lequel on peut entrer les mots ou expressions désirées, comme avec LanguageTool. Il est très complet et sa description n'a pas sa place ici. Il faut lire l'aide qui va avec le logiciel. La prise en main n'est cependant pas rapide, notamment pour filtrer l'écriture inclusive. Dans ce cas précis, le dictionnaire personnel de LibreOffice est plus simple à paramétrer. La procédure est décrite dans la page "Traitements de texte" de ce site.

Sur certaines versions de LibreOffice, il semblerait que Grammalecte et LanguageTool ne font pas bon ménage installés ensemble. Sur ces versions, il faut choisir l'un ou l'autre.

Le problème étant posé, il est inutile de faire le tour de tous les assistants de rédaction. Les logiciels propriétaires sont ce qu'ils sont, propriétaires. Tant que l'éditeur permettra de les configurer, on aura une chance d'éliminer les suggestions d'écriture, y compris l'écriture inclusive. Sinon, on se tournera résolument vers les logiciels libres ou Open Source. On peut quand même espérer que les dictionnaires personnels seront toujours présents et actifs sur tous les ensembles bureautiques et les assistants de rédaction. Ces dictionnaires personnels sont suffisants pour éliminer l'écriture inclusive.